Nov 6, 2024

Evolution et perspectives du solaire en France


Lors de sa sortie de terre en 2015, la centrale photovoltaïque de Cestas (Bordeaux) est devenue la plus grande d’Europe avec quelques 300MWc de puissance installée. Cette centrale, la plus grande de France à ce jour, pourrait néanmoins perdre sa couronne. Neonen, l’entreprise qui détient la centrale de Cestas, s’apprête en effet à lancer avec Engie le projet Horizéo à Saucats, une ferme solaire d’une puissance d’1GW.

Cependant, ce projet est loin de faire l’unanimité. Pour construire un tel mégaprojet, ce sont près de 1000 hectares de forêts qui auraient dû être détruits, chiffre ramené à 800 suite aux protestations d’associations régionales de défense de l’environnement. Mais alors, comment continuer à installer des énergies renouvelables sans détruire nos puits de carbone ?


Le petit solaire : la victoire de David contre Goliath ?

Actuellement, la principale façon de limiter l’artificialisation des sols tout en déployant des moyens de production renouvelables est le ‘petit’ solaire : agrivoltaïsme, ombrières de parking, solaire résidentiel, solaire résidentiel, toitures, … Ces installations, dont la puissance est majoritairement comprise entre 0 et 500kWc, permettent de développer les énergies renouvelables à toutes les échelles, de limiter l’artificialisation des sols et enfin de favoriser la consommation locale. Individuellement, ces petites centrales ne comptent que peu dans le mix énergétique mais, de par leur nombre, elles permettent un impact significatif :

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Ce graphique, fournit par RTE, chiffre la part du ‘petit’ solaire face au ‘gros’ solaire. Les quantités produites sont ainsi loin d’être négligeables et représentent le segment le plus prometteur du marché énergétique.


Une situation contractuelle favorable au petit solaire ?

En plus de l’impact sur la biodiversité, une autre différence majeure entre les centrales au sol et le ‘petit’ solaire est le type de contrat. En effet, les centrales au sol disposent d’une capacité plus importante et ne sont donc pas éligibles aux obligations d’achat d’EDF (S21, S17, …) qui visent les installations en deçà de 500kWc. Cette limite de 500kW, instaurée avec le contrat S21, a été remontée pour favoriser l’installation d’un ‘petit’ solaire toujours plus développé. Auparavant, la limite d’éligibilité aux obligations d’achat d’EDF était de 100kW. Les ‘petites’ centrales solaires sont donc les seules à pouvoir bénéficier d’obligations d’achat à un tarif fixe et avantageux.

Mais alors, quel type de contrat les centrales au sol utilisent elles ? Au delà de 500kWc, les centrales sont éligibles à un complément de revenu (CR) mais doivent vendre au prix du marché. Une autre façon de sécuriser ses ventes est de signer un PPA (Power Purchase Agreement) avec un client. Un exemple de PPA est celui signé en 2024 par la SNCF et Reden visant à sécuriser la vente de l’énergie produite par 4 centrales PV pour un total de 146MW.


Petit solaire ou petits solaires ?

L’un des premiers vecteurs de croissance du petit solaire est l’agrivoltaïsme. Selon la branche renouvelable d’EDF, ce sont déjà 50 000 exploitations agricoles (sur les 437 000 présentes en France) qui se sont converties à cette nouvelle tendance, générant ainsi 13% de la production solaire Française. De plus, suite à la promulgation d’un décret en avril 2024, les producteurs peuvent désormais demander des aides entre 100 et 260 euros par kWc installés, le montant exact étant calculé en fonction de leur puissance. Le principal risque présenté par l’agrivoltaisme est le remplacement des cultures par des panneaux, bien plus rentables pour l’agriculteur (1) mais heurtant la souveraineté alimentaire tricolore.


Un deuxième vecteur important de cette croissance se retrouve au dessus de nos parking. Avec la parution de la loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production renouvelable, les parcs de stationnement d’une superficie supérieure à 1500m2 devront être équipés de panneaux à horizon 2028. Cette limite tombe à 500m2 pour les nouvelles constructions. L’ADEME avait ainsi chiffré le potentiel des ombrières de parking à 4GWc soit 4 fois plus que le projet Horizéo. Cette puissance a également pour avantage d’être en contact direct avec la consommation. Selon le producteur Unit-e, ce sont ainsi 70% des sites qui consomment leur énergie localement en n’injectant que leurs surplus sur le réseau.


En troisième, il convient de mentionner les panneaux résidentiels. Souvent bien plus petites, ces installations compense par une supériorité numérique écrasante. Au troisième trimestre 2024, Enedis dénombrait ainsi plus de 671 000 foyers équipées de solutions photovoltaïque, pour une puissance installée de 3,4GW. 61% de ces installations sont destinées à une autoconsommation individuelle.

Enfin, le dernier type de petit solaire qui nous intéresse est celui des toitures des bâtiments commerciaux et industriels. Avec la ratification de la loi Climat et Résilience en 2023, tous les bâtiments de plus de 500m2 devront, à horizon 2028, être recouverts à 50% de panneaux solaires. Ce sont ainsi toutes les grandes surfaces, usines, bureaux, … qui devront se convertir à la tendance au cours des prochaines années. De la même manière, nombre d’établissements ont recours à l’autoconsommation de cette énergie verte produite localement.


Le petit solaire semble donc avoir de beaux jours devant lui. Ces solutions sont-elles alors une panacée qui permettra à la France d’atteindre ses objectifs climatiques sans déforester massivement son territoire ?


Raccordement et gestion commerciale, deux limites qui subsistent

Malgré tous les avantages de ces solutions, deux inconvénients majeurs subsistent. Le premier est celui du raccordement au réseau. En effet, bien que le petit solaire aie tendance à moins surcharger l’infrastructure en un point, les petites installations, plus nombreuses, demandent une quantité de raccordements bien supérieure. Comme le montre le graphique fourni par Enedis ci-après, les demandes augmentent plus vite que les raccordements, menant à des procédures de plus en plus longues.


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Face à la multiplication des raccordements, un autre problème apparait : celui des surtensions. Lorsqu’un trop grand nombre d’installations injectent leur surplus en même temps sur le réseau, ce dernier entre en surtension. Pour éviter cette situation, les installations sont le plus souvent bridées dans leurs injections. Cependant, plus la quantité de panneaux déployée augmente, plus le risque de surtension augmente ; la prochaine étape devra donc être, pour Enedis, celle du renforcement du réseau.

Une deuxième limite du petit solaire pour les producteurs est celle de la complexité grandissante de la gestion des parcs. En passant d’une centrale à plusieurs centaines voire plusieurs milliers de petits sites, la facturation, le suivi de performance, la gestion des clients, de la maintenance et des procédures peut vite devenir complexe.

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