Nov 6, 2024

Qu’est ce que l’Agrivoltaïsme ?


Selon un article paru en 2019 dans la revue Américaine Nature, il suffirait de couvrir 1% de la surface agricole mondiale pour générer l’intégralité de l’électricité utilisée par l’humanité. Dès lors, nombre de promoteurs ont vu dans l’agrivoltaïsme (le fait d’adjoindre au but alimentaire des surfaces agricoles un objectif énergétique) un formidable vecteur de croissance du photovoltaïque en France.

Cependant, on retrouve derrière ce terme des usages bien différents : hangars agricoles, ombrières de vergers, panneaux aériens recouvrant des élevages, … Quelle est alors la définition de l’agrivoltaïsme ?


Un cadre légal récemment reprécisé

Selon l’article L314-36 du code de l’énergie, une installation agrivoltaïque est « une installation de production d’électricité utilisant l’énergie radiative du soleil et dont les modules sont situés sur une parcelle agricole où ils contribuent durablement à l’installation, au maintien ou au développement d’une production agricole ». Cependant, depuis le décret du 8 avril 2024 relatif à l’agrivoltaïsme, cinq conditions additionnelles doivent également être respectées :

  • La superficie perdue ne doit pas dépasser 10% de la surface totale et permettre l’exploitation agricole normale, ce qui inclut la circulation d’engins, d’animaux et de personnes.

  • L’installation doit permettre aux agriculteurs de générer un revenu durable.

  • L’installation doit être réversible et ne pas causer de dommages durables au potentiel agricole des terrains.

  • La production agricole post installation doit être “significative” c’est à dire supérieure à 90% du rendement moyen d’une parcelle similaire.

  • L’installation doit être bénéfique aux activités agricoles pratiquées sur la parcelle (amélioration de la qualité du sol, protection face aux aléas climatiques, aide au bien-être animal, …).


Prenons un exemple. L’installation agrivoltaïque de gauche n’artificialise pas les sols, contribue au bien-être animal et présente un taux de couverture inférieur à 40%, à l’inverse de l’installation de droite.


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Aux vues de cette clarification, il apparait qu’une serre, qu’une ombrière pour animaux ou pour culture sera considérée comme une installation agrivoltaïque, à l’inverse d’une toiture de hangar ou qu’une centrale au sol adjacente à une terre agricole. Le décret du 8 avril 2024 a pourtant fait l’objet de fortes contestations. Pourquoi ?


Une solution pérenne pour l’agriculture ?

Alors que l’esprit de la loi est de permettre à l’agriculture de bénéficier de compléments de revenus sans en changer le but, il semblerait que ces nouvelles possibilités aient fait l’inverse.


En effet, alors que 18% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté et que seul un tiers de leurs revenus sont tirés de l’agriculture, le développement de l’agrivoltaïsme apparait comme une panacée pour les agriculteurs. Cependant, alors que le loyer solaire peut atteindre dix fois les revenus du fermage, comment s’assurer que le solaire ne prenne pas le pas sur l’agricole ? Selon la Cour des Comptes, ce sont ainsi 282 000 hectares de superficie agricole qui ont été perdues entre 2010 et 2018, permettant à l’agrivoltaïsme de générer 15% du solaire Français mais diminuant d’autant la production agricole.


Mais alors, la production agricole tricolore va-t-elle nécessairement décroître ? Selon Christian Huyghe, directeur scientifique de l'INRAE (Institut National de Recherche pour l'Agriculture, alimentation et l'Environnement), cela ne laisse que peu de place au doute. Loin d’être opposé à l’agrivoltaïsme sur le principe, il critique le décret récemment promulgué comme étant trop permissif sur le taux de couverture des terres. En effet, selon l’INRAE, en deça de 20% de taux de couverture, l’agrivoltaïsme peut avoir des effets bénéfiques sur les cultures, en les protégeant du gel et des températures trop élevées. A l’inverse, au delà de cette valeur seuil, la baisse de la production agricole est avérée indépendamment du type de panneaux (fixe, verticaux, tracking, antitracking, semi-transparents, …). Deux effets pervers apparaissent alors. Tout d’abord, si une baisse de la production supérieure à 10% est enregistrée, que faire ? Aux vues des coûts d’installation, les producteurs démantèleront-ils la structure ? Ensuite, si jamais une baisse significative de la production est enregistrée, la pratique agricole restera-t-elle rentable ? Si jamais les recettes diminuent de 40% alors que les coûts fixes ne changent pas, rien n’est moins sûr.


La principale raison de craindre l’agrivoltaïsme réside dans le risque de subordination de l’agricole à l’énergétique. Mais alors, pourquoi faut-il tout de même croire à l’agrivoltaïsme ?


Et pourtant, une technique pleine de promesses

Lorsque l’agrivoltaïsme est pratiqué avec mesure, les résultats sont positifs. Une étude de Science a ainsi conclu que, dans le cas Allemand, l’utilisation d’ombrières avaient permis, lors d’un été chaud, d’augmenter les rendements de près de 90% avec un taux de couverture inférieur à 20%. Cette amélioration était due à la réduction du stress hydrique et de l'évapotranspiration, avec près de 28% d’humidité supplémentaire et une température inférieure de 4 à 6°C selon l’INRAE. Le Centre Economique Social et Environnemental Régional (CESER) arrivait à la même conclusion quant au rizières Japonaises, protégées par des panneaux. Ainsi, lorsque l’agrivoltaïsme est utilisé à bon escient, ses résultats sont très positifs.

Il en va de même pour l’élevage, où le bien-être des ovins aurait augmenté grâce au recours aux ombrières photovoltaïques selon l’Inrae. En effet, les ovins n’auraient, selon l’étude, pas été perturbés par les panneaux, en auraient cherché l’ombre en période de forte chaleur et auraient bénéficié de la réduction du gel tardif au début du printemps.

De plus, alors que 18% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, les priver d’une telle ressource alors même que celle-ci est conforme aux objectifs de déploiement du solaire a de quoi surprendre. Que le mécanisme retenu passe par une compensation pécuniaire ou par la construction au frais de l’énergéticien de serres ou d’ombrières, il semble que ce moyen d’aider au financement de l’agriculture nationale ne doive pas être supprimé mais simplement mieux régulé. La question n’est alors plus pour ou contre l’agrivoltaïsme, mais plutôt quelles solutions mettre en place pour garantir que tous y trouvent leur compte.


Une pratique à développer ?

Il convient tout d’abord de préciser que l’agrivoltaïsme est une pratique récente ; les études n’ont donc pas un recul critique significatif sur les résultats qui en découlent. Il apparait cependant que la collaboration entre les énergéticiens et les agriculteurs a beaucoup à offrir, tant sur le plan énergétique que sur le plan agricole. Cet état de fait n’est d’ailleurs contesté par personne et c’est plutôt sur la réglementation et sur les moyens de mettre en place cette coopération que les discussions ont lieu. La question de la surface à couvrir, notamment, fait largement débat, tout comme celle des modèles financiers à adopter. Pour faciliter la gestion de ces très nombreux parcs agrivoltaïque, notre solution propose des outils de facturation et de gestion commerciale automatisés. Intéressés ? N’hésitez pas à consulter nos offres ici !